Textes anciens sur La Buse

Textes anciens sur La Buse

Et où donc aurait-on pu cacher le trésor ?

Et où donc aurait-on pu cacher le trésor ?

 

 

Afin de préciser les différents parcours des pirates, d'après les dates et les informations recueillies dans les textes contemporains cités, étudions les trajets de Levasseur et du vaisseau La Vierge du Cap,

 

Carte du parcours de La Buse (fond de carte de 1708)

 

 

 

 

Estimation des vitesses des navires

 

 

Il existe un logiciel d'aide à la navigation qui donne le temps de traversée, dans une zone donnée et pour un mois considéré, selon :

- d'une part les statistiques de fréquence, de direction et de force des vents

- d'autre part les courants connus

Ce temps de traversée est bien sûr fonction des vitesses que le navire est capable de faire aux différentes allures (c'est à dire selon la direction du vent par rapport à son cap).

Nous allons pouvoir tenter d'estimer ces vitesses par "étalonnage" du logiciel sur les traversées connues du ou des navires. Le graphique obtenu s'appelle une "Polaire de vitesse"

 

Pour ce faire nous disposons de trois parcours dont les dates de départ et d'arrivée nous sont données:

- Trajet d'avril 1721 : 120/130 milles de Maurice à Bourbon (3 jours selon Johnson/de Foe)

- Traversée en Juillet - Août 1722 : 890 milles de Delagoa à Mozambique (22 jours selon De Bucquoy)

- Trajet du mois d'août 1722 : 360 milles de Mozambique à la rivière Maseliet à Madagascar (16 jours selon De Bucquoy)

 

 

On s'aperçoit que pour approcher ces données, il faut supposer aux bateaux des vitesses très faibles, notamment aux allures où le vent est contraire: un demi nœud d'avance effective en tirant des bords, un nœud quand le vent vient de l'avant du bateau, trois nœuds au largue et quatre nœuds vent arrière.

Moyennant ces valeurs, on obtient, calculés par le logiciel, les résultats suivants

 

 

I - Trajet d'avril 1721 : 120/130 milles de Maurice à Bourbon (3 jours selon Johnson/de Foe)

 

  • 1j 9h selon le logiciel.

 

 

 

II - Traversée en Juillet - Août 1722 : 890 milles de Delagoa à Mozambique (22 jours selon De Bucquoy)

 

  • 27 à 28 jours selon le logiciel.

 

 

 

III - Trajet du mois d'août 1722 : 360 milles de Mozambique à la rivière Maseliet à Madagascar (16 jours selon De Bucquoy)

 

  • 15 jours de traversée selon le logiciel.

 

 

 

Sur ces bases, quelles ont pu être les durées des autres trajets de Levasseur ?

 

IV - Trajet en Février - Mars 1722 : 860 milles de Ste Marie à la baie de St Augustin; 19 à 20 jours de traversée selon le logiciel.

 

 

Le départ ayant eu lieu en février selon Robert; la prise de La Duchesse de Noailles aurait donc eu lieu fin Février ou début mars.

 

V - Trajet en Avril 1722 : 590 milles de St Augustin à la baie de Delagoa; 15 à 16 jours selon le logiciel.

 

 

 

L'arrivée ayant eu lieu le 11 Avril selon De Bucquoy, le départ a dû se faire vers le 26 Mars de St Augustin ; peut-être un peu avant, car ils ont pris un brigandin en route: Robert ne parle que de deux navires pirates, De Bucquoy en mentionne trois. Toutefois, ce brigandin pourrait être la "barque" envoyée de Saint Augustin à Bourbon, et qui a renseigné et ramené les pirates.

 

Ils seraient donc restés en baie de St Augustin environ un mois.

 

 

VI - Trajet en Novembre - Décembre 1722 : Destination inconnue et 40 à 50 jours de navigation possible

Supposition : un aller - retour à Mahé aux Seychelles soit environ 1520 milles font 55 à 60 jours de navigation sans arrêt, sur les bases ci-dessus. Ce trajet semble donc un maximum.

 

 

Il est bien plus probable que les tentatives pour passer la “pointe nord de Madagascar” [c'est à dire le cap St Sebastien, selon les cartes de l'époque], et le retour vers le sud avec un bateau endommagé, ont pris beaucoup de temps.

Il faut aussi déduire du temps de trajet supposé, le temps d'installation des campements des pirates après l'échouage.

Il est donc très probable que les pirates ne sont, de fait, pas allés plus loin que le cap St Sebastien, conformément au récits rapportés.

 

 

Il semble donc, d'après ces parcours avérés par des documents d'époque, que l'hypothétique trésor n'ait pas pu être caché au delà de Madagascar: exit les hypothèses des Seychelles, de Rodriguès ou autres.

 

 

 

Identification des lieux.

 

La rivière Massaliet

 

 

Fond de carte de 1708                                           Fond de carte de 1747

 

      

 

 

On peut, peut-être, interpréter la "rivière Masaliet" nommée et naviguée par de Bucquoy, et qui donne dans une baie située selon lui par 15° de latitude, comme étant la rivière Soundjee de la carte de 1747.

Grandidier, pour sa part, interprète cette rivière de Masaliet comme étant dans baie de Mahajamba ou plutôt dit-il, celle de Bombétoke (c'est à dire de Majunga).

 

Le plus probable selon moi est qu'il s'agit de la baie de Mahajamba qui est :

- la plus proche des 15° le latitude indiqués par de Bucquoy (et dont la profession est, pour mémoire, hydrographe).

- l'endroit dénommé Massagalem velho et Vieux Mazelage dans les cartes ci-dessus ou Old Mathelage dans les "instructions nautiques" du capitaine Thornton et sur la carte correspondante. Il parait évident qu'il faut identifier "Masaliet" avec "Mazelage" ou "Masagalem", interprétations probables par des navigateurs de langues différentes d'un même mot local.

 

Le roi qui intervient, nommé Ratocaffe [Ratoakafo], aurait été roi de Massailly [autre identification possible avec Massaliet] selon le manuscrit du dépôt des Cartes et Plans de la Marine de Paris, volume 842, Mer des Indes, pièce 17,

 

Selon le récit de De Bucquoy, le roi en question, s'il s'agit bien de lui, arrive en 3 jours, avec une armée, après avoir été prévenu de l'arrivée d'étrangers par un coup de canon, à la rivière Maseliet. Cela peut situer la résidence royale à un maximum de cinquante à soixante kilomètres.

 

 

 

Le lieu d'échouage de La Vierge du Cap

 

Les cartographies citées plus haut, l'une datée de 1708, l'autre datée de 1747 et mentionnant Mangahelly - Mangaély - (où les îles Gumby sont celles de Nosy Komba et Nosy Be voisine)[Cumby est proche de Komba phonétiquement], nomment Diégo Suarez, soit cette région des îles Radama soit un établissement portugais.

On doit noter que l'extrême nord de Madagascar (et donc le Diego Suarez actuel), est noté "Terra incognita" à l'époque

 

Les recherches de l'épave de la Vierge du Cap dans la baie du Diego Suarez actuel sont sans fondement.

 

 

 

 

Le trésor de la Buse existe-t-il?

 

Car vu le mode assez égalitaire de répartition des butins, les trésors de pirates évoqués ne sont énormes que dans leur ensemble. Une fois réparti entre les membres de l'équipage, qui sont toujours nombreux, il est fortement atomisé. Et comment cacher ce trésor somme toute collectif ? . La cachette est forcément connue de tous, et sauf gestion sanglante du problème, il ne parait pas vraisemblable qu'un trésor de cette nature puisse être caché: qui reviendra le chercher? tous? les plus honnêtes survivants? C'est risible.

 

On peut cependant, peut être, imaginer un dépôt temporaire, destiné à protéger les prises avant que de prendre des risques lors d'attaques - une assurance en quelque sorte - avec la ferme intention de le récupérer rapidement.

Mais ce ne parait pas dans la mentalité des pirates dont la tâche la plus urgente était de dépenser sans trop compter les richesses rapidement gagnées.

 

 

Estimation des parts de butin:

 

Sur la base de ce que Taylor a emmené avec lui à Porto Bello:

- Hommes sur La Défense : 250 ; Butin avoué: 121 barils d'argent ; en supposant en première approche une répartition uniforme par tête, et considérant que les deux principaux navires contenaient ensemble 750 hommes, (relation de De Bucquoy) il y avait:

121 / 250 x 750 = 363 barils d'argent, ou l'équivalent

- et peut être 42 diamants par homme

soit 42 x 750 = 31500 diamants

Quelle part de ce butin La Buse avait-il en propre? au moins la part d'un matelot, soit 1/2 baril d'argent et une quarantaine de diamants. Il a bien pu en dépenser la plus grande part.

Par contre ce qui précède multiplié par le nombre de pirates embarqués avec La Buse ....

 

Mais combien étaient-ils avec La Buse ? Potentiellement 500 sur le gros vaisseau, sur la base des descriptions de l'attaque de Lagoa. Mais un certain nombre était resté auprès du roi après l'attribution de leur part de butin, -De Bucquoy ne l'évoque que rapidement- et; lors de l'échouage, il n'en débarque que 125 du vaisseau portugais. On pourrait donc estimer que environ 375 sont restés auprès du roi, ou retournés par terre à Ste Marie.

 

 

 

En fait, les partages ont été effectués périodiquement, à Sainte Marie d'abord, puis à la rivière Masseliet, et chaque marin disposait de sa part:

- perdue par beaucoup d'anglais lors de leur fuite du site d'échouage de la Vierge du Cap ,

- conservée par les francais revenus par la suite,

- dépensée en partie par tous auprès des indigènes [c'est cette partie là que Robert envisage de récupérer] ,

- emportée par ceux qui ont rejoint Sainte Marie,

- et emportée par d'autres, restés avec Taylor sur La défense, en amérique centrale

 

 

Et donc, il est quasi invraisemblable qu'il y ait eu un trésor caché ! Pas d'endroit sans témoins pour ce faire, pas de trésor énorme existant.

 

 

 

 

 

 

 



20/11/2020
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 2 autres membres