Textes anciens sur La Buse

Textes anciens sur La Buse

Voyons tout d'abord qui était ce « La Buse », et son histoire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai été lancé dans cette affaire par la lecture du bouquin de Mr J. F. Deniau "Dictionnaire amoureux de la mer et de l'aventure", où il cite le cryptogramme non déchiffré censé mener au trésor de La Buse. Je me suis piqué au jeu, mais j'ai été ébahi par l'incohérence des interprétations publiées. A ce moment je suis tombé chez un ami sur les textes anciens concernant Madagascar, de Grandidier, et j'ai entrepris d'y comprendre quelque chose.

 

Je suis parti de l'étude de cinq textes d'époque, que j'ai analysé et confronté, ce qui leur a donné de la crédibilité car les détails se recoupent en grande partie.

Ce sont:

1 et 2 La relation de JOHNSON - DE FOE, et celle de ROBERT, dans la transcription de GRANDIDIER

 

3 La relation de DE BUCQUOY, dans la transcription de GRANDIDIER

 

4 La relation de DE BUCQUOY, dans la transcription de WALCKENAERT

 

5 Les "instructions nautiques" de THORNTON, dans la transcription de GRANDIDIER

 

Ces textes sont joints en annexe

 

 

Extrait du "Dictionnaire amoureux de la mer et de l'aventure" par Jean François Deniau:

 

...."La plus belle histoire de trésor - toujours d'actualité - est peut-être celle de La Buse, le plus grand pirate français de l'océan Indien, originaire de Calais et de son vrai nom Le Vasseur, complice et ami de deux autres grands pirates, Taylor et England. Capturé à Madagascar en 1730, alors qu'il n'a plus de navire, il vit de petits boulots et cherche à négocier son amnistie(*) avec le gouverneur. Il est jeté en prison à La Réunion qui s'appelle encore l'Ile-Bourbon. Son trésor est énorme, fabuleux (La Buse dit qu'il pourrait "acheter toute l'île"), celui de la Vierge du Cap qui transportait la "sainte croix de Goa" en or incrustée de diamants, rubis et émeraudes. Il faut trois hommes pour la soulever! Il a pris aussi à l'abordage en 1720, la Ville d'Ostende chargée de diamants. Mais La Buse fait l'erreur de ne pas s'attaquer seulement aux Portugais et aux Flamands, il prend aussi un vaisseau Français, La Duchesse de Noailles. Son amnistie se présente mal.[....] C'est en marchant à l'échafaud qu'il lance dans la foule un message caché dans sa main: "Mon trésor sera à qui sera capable de le lire."

 

 

 

 

 

 

 

Histoire de La Buse selon Dark stories.com et wikipédia

 

Olivier Levasseur dit « La Buse » (ou « La Bouche ») fut surnommé ainsi à cause de la rapidité avec laquelle il se jetait sur ses proies.

« La Buse » serait né vers 1680 à Calais, c'était un authentique pirate qui écumait l'Océan Indien. Il fut pendu haut et court le 7 juillet 1730 à 17h00 à l'île Bourbon (aujourd'hui île de la Réunion) pour ses crimes de piraterie. La légende raconte que lorsqu'il était sur l'échafaud la corde au cou, il aurait jeté un cryptogramme dans la foule en s'écriant : « Mon trésor à qui saura comprendre ! » Qui reçut le cryptogramme ? Nul ne saura le dire.

Depuis ce jour, bon nombre de passionnés et de chercheurs de trésors se sont lancés sur ses traces pour retrouver son fabuleux trésor, estimé par certains à quelques millions d'euros.

 

Durant le mois d'avril 1721, La Buse, associé au pirate anglais John Taylor, s'était emparé de La Vierge du Cap un riche vaisseau portugais de 72 canons qui cherchait refuge à Saint-Denis à Bourbon suite aux tempêtes qui se déchaînaient dans l'océan. Le vaisseau transportait le comte Ericeira, vice-roi des Indes Orientales Portugaises et l'archevêque de Goa.

La Buse et Taylor n’exigèrent pas de rançon au vice-roi mais gardèrent la cargaison en butin : rivières de diamants [ sic : en fait, une rivière de diamants est un bijou sophistiqué, un montage de différents diamants pouvant évoquer une rivière et ses scintillements : le texte de Wikipedia se laisse emporter par le lyrisme et l'image évocatrice. D'ailleurs les évocations de ces trésors sont fréquemment la source d'impropriétés semblables, fruits d'une imagination enflammée ], bijoux, perles, barres d’or et d’argent, meubles, tissu, vases sacrés et cassettes de pierres précieuses.

La Vierge du Cap, retapée et rebaptisée « Le Victorieux », devint le vaisseau de La Buse. Pourchassé par un pavillon commandé par Duguay-Trouin, Taylor s’enfuit aux Antilles alors que La Buse se retira à l’île Sainte-Marie à l’est de la côte malgache où il prit sa retraite en profitant de la charte de clémence offerte par le Roi de France aux Flibustiers. Mais il se ménagea longtemps avant de se soumettre à cette charte : il restitua les vases sacrés, mais ne put se résoudre à rendre le reste du butin, condition sine qua non de la clémence du Roi.

Vers 1729, il exerçait le métier de pilote dans la baie d’Antongil à Madagascar, il offrit ses services au vaisseau « La Méduse », de la Compagnie des Indes, qui souhaitait entrer dans le port. Le capitaine d’Hermitte, commandant de bord, le reconnut comme celui qui avait plusieurs fois arraisonné des navires de sa compagnie. Il fut arrêté et conduit à l’île Bourbon pour y être jugé.

 

Voici un extrait du jugement, daté du 7 juillet 1730 :

 

"Voeu par le Conseil le procès criminel extraordinairement fait et instruit à la requête et diligence du Procureur du Roy, demandeur et accusateur, contre Olivier Levasseur surnommé La Buse, accusé du crime de piraterie […]. Le Conseil l’a condamné et condamne à faire amande honorable devant la principale porte de l’église de cette paroisse, nu en chemise, la corde au col et tenant en sa main une torche ardente du poids de deux livres, pour là, dire et déclarer à haute et intelligible voix que méchamment et témérairement il a fait pendant plusieurs années le métier de forban, dont il se repent et demande pardon à Dieu, au Roy. […] Exécuté à cinq heures du soir le sept juillet mil sept cent trente."

 

Signé Chassin — Dumas — Villarmoy — G. Dumas — de Lanux

 

 

 

Le Cryptogramme de La Buse

 

Ce message, soit disant lancé dans la foule par La buse lui-même au pied de l'échafaud, semble être écrit dans un alphabet de type « Chiffre Pig Pen » (parc à cochons) qui est simplement une substitution monoalphabétique ayant perduré durant des siècles sous des formes variées. Ce mode de chiffrement était notamment utilisé par les Templiers. Le déchiffrement du cryptogramme donne le résultat suivant qui reste relativement hermétique.

 

 

 

La chasse au trésor

 

La chasse au trésor commence vers 1923 sur l'île de Mahé au sud des Seychelles, dans un terrain au bord de la mer appartenant à une certaine Madame Savy. Cette dame découvrit un jour des pierres sculptées sur le bord de la mer, et en inspectant les alentours elle dénicha d’autres rochers taillés de main d’homme.

Sur ces sculptures on pouvait distinguer des messages en langage sibyllin à moitié effacés par l’usure du temps. On distinguait des représentions d’animaux : chiens, serpents, tortues, chevaux et des formes d’objet ainsi que des être humains : une urne, des cœurs, une figure de jeune femme, une tête d’homme et un œil monstrueusement ouvert.

On avança alors l’hypothèse suivante : ces sculptures rupestres pouvaient se rattacher aux écritures idéographiques, indonésiennes et pascuanes, où l’on retrouve fréquemment le serpent et la tortue. Mais pour le reste un point d’interrogation subsistait.

Pour en savoir plus on effectua alors des fouilles et on découvrit près de l’œil deux cercueils contenant des restes humains en qui l’on identifia des pirates par l’anneau d’or de leur oreille gauche.

Les idées se joignant les unes aux autres, on en vint à l’hypothèse d’un trésor. Mis au courant de

cette découverte, un notaire de l’île se présenta à Madame Savy en lui déclarant qu’il avait en sa possession des documents concernant un trésor enfoui dans une île de l’océan indien et il était certain que la localisation du trésor ne soit possible qu’en confrontant les documents qu’il possédait et les signes figurant sur les sculptures.

Malheureusement, ce problème était bien plus difficile à résoudre que ce que le notaire avait cru.

Ses archives étaient composées d’un cryptogramme dont le déchiffrement ne pouvait s’effectuer qu’à partir des Clavicules de Salomon, de deux lettres autographes, d’un testament et de documents rédigés en rébus ou du moins en écriture initiatique qui pouvait être mis en relation avec le symbolisme maçonnique. Ces documents affirmaient explicitement l’existence d’un trésor (voire de plusieurs) localisé sur une île dans l’Océan Indien. Cependant le nom de cette île aux trésors n'était mentionné nulle part. Ce qui laissait libre cours aux spéculations les plus hasardeuses.

 

La preuve d’un lien logique entre les différents documents du notaire n’était pas pleinement évidente. Malgré cela, la tradition rattacha le fabuleux trésor de la Buse à celui de Nagéon de L’Estang dit « Le Butin » en émettant l’hypothèse que les deux trésors ne formaient peut être qu’un, par voie de succession et de vol.

 

 

Les autres indices du trésor

En 1947 l'anglais Reginald Cruise-Wilkins étudie le problème et découvre que l'affaire a une connexion avec les douze travaux d'Hercule. Jusqu'en 1970 il a cherché et creusé dans l'île des Seychelles Mahé. Dans une caverne, outre de vieux pistolets, quelques pièces de monnaie, et autres reliquats, il ne trouva rien.

 

 

 


23/11/2020
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Il y aurait donc un trésor caché !

Pour tenter de mieux comprendre, voyons quel a été le parcours d'Olivier Levasseur dit La Buse.

 

 

B-  Etude des textes anciens

 

 

Résumés de textes contemporains de La Buse, décrivant les faits, vus sous l'angle du suivi des navires et des capitaines

 

[Voir ces textes en annexe; on constate qu'ils se recoupent et se confirment l'un l'autre en plusieurs endroits]

Note: Les commentaires et réflexions sont notées entre [ ]

 

Note concernant les dates citées. Anne Molet Sauvaget, spécialiste de l'histoire de Madagascar et des environs, écrit la chose suivante: “La plupart des pays européens avaient adopté dès le XVI ème siècle la réforme calendaire demandée par les découvertes astronomiques. Ce n'est que par le Calendar Act de 1750 que l'angleterre abandonna l'Old Style Calendar (O.S.) ou calendrier Julien, pour adopter le calendrier Grégorien (N.S.), et pendant les 16ème, 17 ème, et la première moitié du 18 ème siècle, les dates anglaises eurent 11 jours de retard par rapport à celles des européens en général, de la France et la Hollande en particulier.”

On constate les effets de ces différences de calendrier, entre les dates citées par Dumas, gouverneur de Bourbon – territoire français -, et les textes publiés par De Foe, en angleterre.

 

B1-  Résumé du texte de Daniel de Foe publié en 1724 sous le pseudo Ch. Johnson:

 

The history of Pyrates

 

 

( récit concernant England )

 

England sévit dans l'atlantique. Il rebaptise une des ses prises, le Peterborourg, en Victory.

 

Il passe Bonne Espérance et arrive à Madagascar en 1720

 

Il écume la côte de Malabar où il prend plusieurs bateaux indiens.

 

Retour à Madagascar. Chasse de gibiers. Recherche de l'équipage du capitaine pirate Avery [ qui en fait se trouvait de l'autre côté de l'île par 16°54'20" ]; Nettoyage du Victory (34 canons).

 

Départ pour Anjouan (Comores), ou il tombe - avec le Fancy (30 canons) [ rencontré et pris en route? ] d'origine Hollandaise, voir récit du cap. Macraw - sur les navires Cassandra (capitaine Macraw), Greenwich (capitaine Kirby) arrivés depuis le 25 Juillet 1720 pour avitailler, et un navire Hollandais d'Ostende (22 canons).

 

Des pirates (14) avaient pris contact avec Cassandra et Greenwich pour demander du secours, ayant fait naufrage avec l'Indian Queen (38 canons) à Mayotte. Il restait 40 pirates et le capitaine La Buse à Mayotte qui construisaient un sloop pour repartir.

 

Sur l'attaque du Victory et du Fancy, fuite des navires Greenwich (capitaine Kirby), et du navire Hollandais d'Ostende.

 

England récupère la Cassandra et laisse le Fancy endommagé à Macraw. Ce dernier atteindra ainsi Bombay par la suite (du 8 Septembre 1720 à 48 jours plus tard)

 

[ Cassandra est sans doute rebaptisé La Défense. On a probablement récupéré La Buse et son équipage.]

Départ d'Anjouan le 3 Septembre 1720 de Victory (capitaine England) et Cassandra (capitaine Taylor). Les deux navires vont à Maurice.

 

England (qui s'était montré trop favorable à Macraw) est déposé à Maurice avec trois compagnons; ils construiront une embarcation pour rentrer à Madagascar.

C'est La Buse qui prend le commandement du Victory.

 

 

( Récit concernant Taylor et La Buse )

 

Les deux navires La Défense et Victory vont sur les côtes de l'Inde où ils font piraterie.

Fêtes de Noël 1720 où ils consomment une grande partie de leurs provisions.

 

Retour à Maurice mi Février 1721. Doublage et réparation du Victory, et départ le 5 Avril pour Madagascar, pour chercher des citrons! écrivent-ils sur un mur.

 

Arrivés le 8 Avril à Bourbon, ils tombent à St Pierre sur un gros vaisseau portugais (La Vierge du Cap) endommagé par la tempête.

Prise importante en diamants, appartenant en majeure partie au vice roi de Goa.

Prise à St Paul d'un navire d'Ostende (La Ville d'Ostende ex Greyhound de Londres). Envoi du navire

d'Ostende à Madagascar sous équipage de prise.

 

 

[ Lettre de Dumas, gouverneur de Bourbon, au ministre de Maurepas, en date du 20 décembre 1730, Archives Coloniales, Correspondance générale de Bourbon, t. V, 1727-1731.:

... Ce forban a fait en 1721, en rade de cette île, deux prises, l'une d'un vaisseau du Roi de Portugal de 60 pièces de canon, qu'il aborda, et l'autre d'un vaisseau appelé La Ville d'Ostende, appartenant à la Compagnie de cette ville.....; ce La Buse montait pour lors le vaisseau forban Le Victorieux et avait avec lui un autre navire nommé La Défense, commandé par un anglais appelé Taÿler [Taylor]... ]

 

[ Notons que la lettre de Dumas confirme le récit de Johnson/De Foe sur ces faits et les noms des navires ]

 

Le navire d'Ostende sera repris par son équipage, et retournera au Mozambique puis à Goa.

 

Taylor prend le commandement du Vaisseau portugais [ La vierge du Cap ]

Tous les navires vont à Madagascar [ Ste Marie? ] Nettoyage de la Cassandra (alias La Défense) et partage du butin, soit environ 42 diamants chacun, selon leur grosseur

 

Beaucoup de pirates se retirent sur l'île ou à Madagascar avec leur butin, et il ne reste pas assez d'hommes pour armer deux navires: le Victory (qui faisait eau) est brûlé.

 

Projet de partir sur la Cassandra (alias La Défense) (capitaine Taylor), pour vendre les diamants aux hollandais, ou pour continuer la piraterie.

Présence de vaisseaux de guerre anglais sur l'océan indien, pour faire la chasse aux pirates, et changement de plan.

Réparation du vaisseau portugais.

 

Départ du Vaisseau portugais (capitaine Taylor) [ La vierge du Cap ], et de la Cassandra (alias La Défense) [capitaine La Buse ?], pour Delagoa au Mozambique. [ On a retrouvé des hommes ? ]

 

Prise du fort de Delagoa, carénage des deux navires et départ fin décembre 1722, pour Madagascar ou l'Amérique espagnole.

 

[ Il n'est pas fait mention de la prise de la Duchesse de Noailles ]

 

 

Carte des trajets de La Buse selon le récit de Johnson

 

 

Fin de la relation de Johnson

 

 

B2-  Résumé du texte de la relation de Robert (qui est français et n'a probablement pas lu l'histoire des pirates de Johnson/De Foe) en 1730.

Il faisait partie de l'équipage de La duchesse de Noailles.

 

 

Réparation et modification à Ste Marie du Vaisseau portugais [ La vierge du Cap ] qui passe à 60 canons et deux ponts et demi (au lieu de trois), en dix mois et beaucoup de dépenses.

 

Sortie du Vaisseau portugais (60 canons) (capitaine Taylor) et de la Cassandra (alias La Défense) (40 canons, capitaine La Buse ), qui contournent Madagascar par le sud et prennent La Duchesse de Noailles (capitaine Gravé, de St Malo) à l'ancre .

 

[ Ils l'incendient selon Dumas gouverneur de Bourbon

...Il prit aussi et brûla à peu près dans le même temps le vaisseau de la Compagnie de France La Duchesse de Noailles, commandé par le sieur Gravé, de Saint Malo ; ce La Buse montait pour lors le vaisseau forban Le Victorieux et avait avec lui un autre navire nommé La Défense, commandé par un anglais appelé Taÿler [Taylor] ...

Lettre de Dumas, gouverneur de Bourbon, au ministre de Maurepas, en 1730, déjà citée.]

 

 

Version de M. Guët : « En 1721, le forban Olivier Le Vasseur, dit La Buse, surprit en rade de Saint-Denis avec son navire Le Victorieux un vaisseau portugais armé de 60 canons, venant de Goa et ayant à bord le vice-roi des Indes et l'Archevêque de Goa qu'il débarqua dans l'île ainsi que l'équipage, avant d'examiner sa prise. Ces diverses personnes furent ramenées à Lisbonne par Le Triton (Commandant Garnier de Fougeray). Ce même forban prit dans les mêmes eaux de Bourbon un navire hollandais, La Ville d'Ostende, et, en mai de la même année [1721], toujours en vue de l'île, il s'empara d'un vaisseau de la Compagnie française des Indes, La Duchesse de Noailles, qu'il pilla et brûla. Cette dernière prise, dont les habitants de Bourbon attendaient la cargaison avec impatience, mit le comble à leur fureur. Toutefois, l'amnistie, accordée par une délibération du Conseil supérieur de Bourbon en date du 26 janvier 1724, le comprenait ainsi que John Cleyton, mais à la condition qu'ils ne commettraient plus aucun acte de piraterie. Le Vasseur, qui se méfait, préféra ne pas en profiter et continua son fructueux métier. Mais La Méduse que commandait d'Hermitte et qui était envoyée pour assurer la navigation entre Bourbon et Madagascar, surprit La Buse dans les environs de Fort-Dauphin, où il avait établi sa retraite et l'amena enchaîné à Bourbon. Il eut beau se prévaloir de l'amnistie, on lui prouva par arrêt du 17 juillet 1730 que, du moment qu'il avait continué sa vie de pirate, il s'en était exclu, et on le pendit sur la plage de Saint-Denis à l'applaudissement de la populace (Guët, Les Origines (le l'île Bourbon et de la colonisation Française à Madagascar, 1886, p.218

 

[ Commentaire: La version de Mr Guët ne me semble pas à retenir: elle est très postérieure aux faits, et l'analyse de la chronologie des trajets de Levasseur montre qu'en Mai 1721 il était avec Taylor et surtout que La vierge du Cap était en réparation à Sainte Marie; or Robert parle bien de l'attaque de deux bateaux, et lui était sur place et concerné.]

 

[Note: Grandidier note, pour le texte précédent de Johnson/De Foe que les portugais débarqués lors de la prise du vaisseau La Vierge du Cap furent reconduits au Mozambique en 1721 par la Duchesse de Noailles.

Ceci semble confirmé parle témoignage de De Bucquoy ( transcription de Grandidier):

" Nous sommes arrivés à Mozambique vingt jours après [ en Juillet/Août 1723 ] et nous y avons trouvé des portugais qui avaient été pris par les pirates environ deux années auparavant sur la rade de l'île de Mascarin [île Bourbon], et qui nous recommandèrent aux autorités qui nous firent le meilleur accueil "

Mais ce voyage ne peut avoir eu pour but que de ramener des portugais dans un de leurs comptoirs, bien qu'ils fussent perçus comme des bouches à nourrir excessives pour les maigres ressources de Bourbon de l'époque; il était forcément l'occasion de faire du commerce, et de ramener à Bourbon une cargaison d'esclaves.

C'est donc vraisemblablement au cours du voyage de retour de la Duchesse de Noailles que celle-ci fut prise et détruite. Il est probable que cela eut lieu dans la baie de St Augustin, car en effet il semble que les gens de Bourbon aient eu l'habitude de compléter leurs cargaisons d'esclaves à cet endroit avec le roi local, comme en témoigne la relation de voyage: "Journal tenu par le Sr de Jean marchand sur le vaisseau La Vierge de Grâce, pour le commerce de la coste de Sofala", terminé "à St Paul Isle de Bourbon le 14 Xbre 1733". ]

 

[Cependant Walckenaert ne parle pas dans les mêmes termes de ces portugais dans sa transcription du texte de De Bucquoy: les Portugais qui cautionnent les hollandais vis à vis des autorités sont ceux revenus avec de Bucquoy . Mais peut-être les deux versions sont-elles correctes: il a pu y avoir un certain nombre de Portugais prisonniers sur Bourbon et ramenés au Mozambique sur la Duchesse de Noailles, et d'autres emmenés (peut être bien avec leur accord) par les pirates. Il est aussi possible que les traducteurs Grandidier et Walckenaert aient compris différemment la relation confuse de De Bucquoy]

 

Puis Robert rapporte des disputes entre les pirates, des tentatives vaines pour doubler le nord de Madagascar [?], l'échouage volontaire du bateau portugais, La Buse déposé et un massacre de pirates par les autochtones.

En fait, Robert est intéressé par la récupération des diamants et des richesses abandonnés par les pirates aux mains des indigènes, et par les canons du vaisseau portugais échoué.

 

[Tout cela est assez confus et il s'agit manifestement de renseignements recueillis auprès de tiers, probablement des protagonistes compagnons des pirates. Toutefois la possession de diamants par les pirates est confirmée.]

 

 

B3-  Résumé du texte de la relation de Jacques de Bucquoy publiée en 1744, qui prend chronologiquement la suite de Johnson.

 

(Zestien Jaarige Reize naa de Indien gedan door Jacob de Bucquoy, vol Aanmerkelyke ontmoetingen... Voyage de seize ans dans les Indes accompli par Jacob de Bucquoy, plein d'aventures remarquables : notamment ce qui lui arriva pendant sa mission au Rio de la Goa [baie Delagoa], où, les pirates ayant attaqué et pris le Comptoir hollandais. il fut, avec quelques-uns de ses compatriotes, contraint de les suivre en pleine mer et de faire le voyage avec eux; ce qui leur advint ensuite sur leurs navires et comment ils abordèrent à Madagascar; comment ils ont vécu dans celte île, et leurs aventures ultérieures sur les côtes de l'Afrique et de Malabar jusqu'au jour où lui et deux seulement de ses compagnons, après des misères sans nombre, abordèrent à Batavia; son séjour dans cette ville et ses voyages ultérieurs. Avec, çà et là, les notes nécessaires sur la position des lieux, la nature des peuples, etc. ..)

A Haarlem, chez Jan Bosch, marchand de livres et de papier, seconde édition, augmentée d'un tiers environ avec le récit détaillé d'un des compagnons de l'auteur, les relations verbales émanées d'autres personnes et les souvenirs de l'auteur lui-même, chapitre II, pp. 45-98, avec gravures et le portrait du voyageur

 

Dans son Histoire générale des voyages, t. XXI, 1831, in-8°, pp. 4O1-437, Walckenaer donne un récit du voyage de Jacob de Bucquoi (Madagascar, pp 418-433)..

 

...

Le 11 Avril 1722, 3 navires arrivent et mouillent dans la baie de du Rio de Lagoa. Il y a un grand vaisseau de 72 canons avec 500 hommes (capitaine Taylor) et un autre de 42 canons et 250 hommes, La Défense (capitaine La Buse) et un brigantin [pris en route ? ou bien c'est la "barque" qui a livré La Duchesse de Noailles aux pirates ?]

Le 19 Avril 1722 ils prennent le comptoir de Delagoa. et le bateau qui tentait de le défendre (une hourque).

Dans la baie, le gros bâtiment touche, puis se dégage. Dans un coup de vent, le brigantin coule à fond.

[De Bucquoy (hydrographe) est aux premières loges pour raconter, ayant été emmené par les pirates, et logé avec Taylor. Je privilégierai donc son récit dans la suite.]

 

Les pirates restent plus de 2 mois, et repartent (vers le 16 Juillet) en entraînant la hourque (30 canons, 30 hommes), pour Mozambique où ils arrivent après le 6 Août 1722 avec l'idée d'intercepter un bateau portugais; ils croisent devant la ville jusqu'après le 12 Août mais il n'arrive pas de bateau.

 

17 au 18 Août 1722 : Tentative de sécession de La Buse. [ information aussi donnée dans le texte de Robert, voir plus haut, mais mal située chronologiquement par celui-ci ]

La Buse est puni: dégradé, fouetté, biens confisqués au profit de la communauté des pirates.

 

Il y a dispute sur l'opportunité de l'attaque de la ville de Mozambique, puis les trois bateaux partent pour Madagascar.

Arrivée le 4 Septembre 1722 à Madagascar à la rivière Masaliet par 15° Sud [Mahajamba ? Masselage?]

 

Les pirates ont des contacts avec le roi local, notamment pour avoir quelques vivres.

 

Relation par De Bucquoy d'un récit de Taylor, confirmant ainsi la relation de De Foe/Johnson ci avant, sauf que Taylor s'y attribue le rôle d'England, et déplace le lieu des faits.

 

Puis De Bucquoy revient à son récit principal (son texte est assez “décousu”, ce qui explique peut-être qu'on n'en n'ait pas repéré antérieurement toute la valeur)

 

La hourque (capitaine Elk), la Défense (capitaine Taylor), le Vaisseau portugais [ La vierge du Cap ] (capitaine La Buse) repartent le 4 Novembre 1722.

 

La Défense (capitaine Taylor), part vers les Indes Occidentales [les Caraïbes] chargé d'un butin de 121 barils d'argent qui sera cédé avec le bateau pour contrepartie de la protection des pirates par les autorités de Porto Bello, aujourd'hui en Panama, alors en Colombie.

 

Le gros vaisseau portugais (capitaine La Buse) part vers les côtes de l'Arabie et du Golfe persique. (De Bucquoy, seulement à ce point de son récit, dit que c'est l'ex Galderland hollandais, cédé au roi du Portugal et pris à Bourbon sous le nom de "Nostra Senora del Cabo")

 

[De Bucquoy ne parle pas de la destination de la hourque]

 

Restent à terre 22 ex prisonniers hollandais ramenés de Delagoa, qui entreprennent la construction d'un bateau. Les maladies réduisent ce groupe à 8 hommes en trois mois: dernier décès le 23/02/1723.

 

Huit mois après leur arrivée à Madagascar, ils voient revenir des pirates [soit six mois après leur départ, donc en Avril 1723], en deux phases.

D'abord des anglais, qui racontent que le vaisseau portugais s'est échoué dans une baie au nord de Madagascar, qu'ils se sont sauvés au nombre de 125, qu'ils ont construit une embarcation avec les débris du navire, et que les indigènes les ayant massacré, ils sont restés au nombre de 21 et ont pris cette embarcation pour s'enfuir dans le plus grand dénuement, ne conservant pour les plus favorisés que leurs diamants avec eux.

 

Puis des français et des portugais du même groupe arrivent, dans une autre embarcation. Les français chassent les portugais, puis se rendent suite à un malentendu.

[De Bucquoy ne cite pas La Buse parmi les français; y était-il?]

 

C'est dans cette dernière embarcation que De Bucquoy et les hollandais survivants (soit 8 hommes), les 13 portugais et un noir partiront pour rejoindre Delagoa, qu'ils atteindront vingt jours après.

[Les portugais sont des membres de l'équipage de la "Vierge du Cap" prise à Bourbon, emmenés soi disant de force par les pirates]

 

 

 

Carte des trajets de La Buse selon le récit de De Bucquoy

 

 

Fin du report par Grandidier de la relation de De Bucquoy

 

 

[Ce récit est abondamment mêlé de commentaires, dont la règle de partage en vigueur chez les pirates qu'il a fréquenté, et auquel il a assisté:

 

Matelot: une part

Capitaine, bosseman, maître canonnier: une part 1/4

Autres: 1/2 part

Mousses: 1/4 de part

 

On notera le caractère très égalitaire de cette répartition.]

 

 

 

B5-  Le naufrage de La Vierge du Cap


( C'est donc l'ex Galderland hollandais, cédé au roi du Portugal et pris à Bourbon sous le nom de "Nostra Senora del Cabo") et commandé à ce moment par La Buse, notons la cohérence des différents récits :

 

(On est en Décembre 1722)

 

Si on regarde les récits de Robert :

....... après avoir tenté plusieurs fois inutilement de repasser par la pointe Nord de Madagascar pour retourner à l'île de Sainte-Marie, mais les courants et les vents contraires les en ayant toujours empêchés, chagrins de ne pouvoir exécuter leur dessein, la discorde se mit entre eux tout à fait. Ils firent exprès échouer le gros vaisseau à la côte dans un endroit nullement fréquenté, en retirèrent ce qu'ils purent et firent partage de leur butin. ....

 

de De Bucquoy :

- transcrit par Grandidier

....Les pirates mirent alors de l'ordre dans leurs affaires, désarmèrent les prisonniers, assurèrent la surveillance, admirent ceux qui se présentaient comme volontaires, ouvrirent avec des leviers les coffres et les caisses et livrèrent au quartier-maître tout ce qu'ils contenaient de diamants et d'or ou d'argent, soit monnayé, soit en barres.

Ces diverses affaires terminées, ils se mirent à boire et il ne fait pas bon alors de s'aventurer au milieu d'eux.

Puis, après diverses descriptions:

.....Tout d'un coup, une nuit, nous entendîmes de grands cris par des gens venant à nous; quand ils furent tout près, nous fumes étonnés de voir que c'étaient les pirates anglais qui étaient partis d'ici avec le grand navire. Ils nous racontèrent que leur vaisseau avait échoué auprès de la pointe Nord de Madagascar et avait été mis en pièces et qu'avant gagné la terre au nombre de cent vingt-cinq, ils avaient décidé de construire une barque avec ses débris; que, pendant qu'ils y travaillaient, leurs esclaves, s'étant entendus avec les indigènes, les avaient surpris à l'heure de la sieste pendant leur sommeil et les avaient massacrés à l'exception de vingt et un, qui réussirent à prendre la fuite. Ce sont ceux-ci qui, après avoir erré longtemps le long de la côte avec leur barque et enduré de grandes souffrances, arrivaient à notre camp presque nus et à moitié morts de faim......

 

- et par Walckenaert

......Une nuit, nous entendîmes tout à coup les habitants du rivage pousser de grands cris; on s'approchait de nous. Quelle fut notre surprise en apercevant les Anglais partis avec le grand navire! Ils nous apprirent qu'il avait échoué sur le cap le plus septentrional de Madagascar, et y avait été mis en pièces. Cent vingt-cinq hommes, s'étant sauvés à terre, avaient décidé de construire un petit bâtiment avec les débris.

Pendant qu'ils étaient occupés à cette besogne, leurs esclaves, d'accord avec les Madecasses, avaient comploté de les surprendre pendant leur sommeil de midi , et de les égorger. Ce projet avait reçu son exécution ; les pirates avaient été massacrés , à l'exception de vingt-un qui avaient pu se sauver sur le navire ; et de ceux qui, après un long voyage et de grandes privations, étaient arrivés moitié morts de faim à l'endroit où nous étions...

 

Tous deux, Robert et De Bucquoy, (avec pour ce dernier deux transcriptions différentes du même texte : la traduction en est assez libre !) parlent du navire échoué, "exprès à la côte", "auprès de la pointe Nord", "sur le cap le plus septentrional". La pointe Nord de Madagascar, d'après les cartes de l'époque, c'est le cap St Sébastien, et de nombreuses baies plus ou moins fermées l'environnent. Ceci est notamment compatible avec le fait que les pirates naufragés reviennent sur la côte Ouest par la suite (et non sur la côte Est vers Sainte Marie plus connue d'eux, mais au trajet plus exposé), sans doute dans le but de se mettre sous la protection du roi local, et mettent pour ce faire suffisamment de temps pour arriver "à moitié morts de faim"; ce qui permettrait de situer l'échouage du vaisseau portugais La Vierge du Cap dans une baie au sud du cap St Sébastien, et l'établissement temporaire des pirates anglais décimés dans cette région.

 

De plus, ce qui précède est à rapprocher des notes suivantes

 

Manuscrit

Dans un manuscrit du Dépôt des Cartes et Plans de la Marine de Paris, volume 842, Mer des Indes, pièce 17, au bas de la page 7, il est dit:" En 1722 Mangaély [les îles Mamoko, dans la baie d'Ampasindava] était un repaire de forbans. On dit qu'il y eut en ce lieu un massacre de forbans fait par les noirs du pays et qu'en conséquence le roi de Massailly [baie de Bombétoke], nommé

Ratocaffe [Ratoakafo], y a envoyé ses soldats pour y égorger tous les noirs, hommes, femmes et enfants, jusqu'aux chiens, et a fait piller tous leurs bestiaux. Depuis ce temps, cet endroit est désert. "

 

Robert

..."ces forbans accoutumés au libertinage, sans considération des bontés que les Insulaires avaient pour eux, eurent l'effronterie de vouloir prendre par force leurs femmes et de maltraiter celles qui ne voulaient pas consentir à leur infâme inclination; le roi de cette province, piqué d'un si mauvais procédé, sur les plaintes qui lui en furent faites par ses sujets, en fit égorger par punition le nombre de quarante, tous Anglais, sans avoir fait aucun mal aux Français parce que ces derniers étaient dans un autre canton séparé, où ils vivaient peut-être plus sagement que les Anglais. Tous les effets de ceux qui se sont trouvés compris dans cette punition sont restés entre les mains des Insulaires ; on est persuadé que, pour peu de chose, on les retirerait, cela n'étant point à leur usage, ne pouvant enfiler les diamants bruts comme ils font avec les grains de Passade, c'est de quoi l'auteur [Robert] est bien informé par des gens qui étaient sur les lieux du temps de ce massacre, aussi bien qu'à quelque chose près de la quantité de diamants qu'on peut y trouver, dans le nombre desquels il y en a d'un prix très considérable: premièrement, il y en a un que l'on dit peser 64 karats, beaucoup entre 30 et 40, entre 20 et 30, entre 10 et 20 et depuis 3 jusqu'à 10. On connaît le roi, qui à cet endroit est puissant, on sait la manière de traiter avec lui, ce qu'il lui faut porter, et l'on est assuré qu'il serait bien aise d'ouvrir un commerce et, les marchandises qu'il achèterait, il lui serait indifférent de les payer en or ou en esclaves."

 

Navire Compton

« Le capitaine du Compton, qui vient d'arriver de Bombay, rapporte que les forbans établis à Madagascar ont si cruellement maltraité les indigènes que ces derniers se sont soulevés et en ont fait un vrai carnage; il n'en est resté que douze, réfugiés dans le bois où ils périrent misérablement » (La Gazette de France du 4 mai 1726).

 

Le massacre en question semble bien avéré, il a fait grand bruit. La date correspond, et le manuscrit du Dépôt des Cartes et Plans de la Marine de Paris situe celui-ci à Mangaely , c'est à dire dans la baie d'Ampasindava, derrière l'île Mamoko, laquelle est décrite par le capitaine Thornton comme un mouillage sûr fréquenté pour la traite.

Au passage, Robert corrobore le récit de de Bucquoy, quand il dit que les français étaient "dans un canton séparé", et qu'ils ont donc échappé au massacre. De Bucquoy les voit effectivement arriver quelques jours après les anglais, et apparemment moins démunis que ceux-ci.

Le roi local, (s'il s'agit bien du même que celui rencontré par de Bucquoy), envoie, selon le manuscrit, son armée punitive dans ce qui doit ressortir de sa juridiction: la résidence royale serait à situer entre les deux sites, au nord de la rivière Masaliet et du 15éme degré de latitude [baie de Mahajamba], et non loin de la baie d'Anpasindava.

 

 

 

On semble donc fondé à conclure que le navire portugais ex Vierge du Cap, après avoir touché au Cap St Sébastien, a pu, sans doute en faisant beaucoup d'eau et en pompant, venir s'échouer dans la baie d'Anpasindava, derrière l'île Mamoko. Il est vraisemblable qu'on trouvera là son épave.

 

 


20/11/2020
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Et où donc aurait-on pu cacher le trésor ?

Et où donc aurait-on pu cacher le trésor ?

 

 

Afin de préciser les différents parcours des pirates, d'après les dates et les informations recueillies dans les textes contemporains cités, étudions les trajets de Levasseur et du vaisseau La Vierge du Cap,

 

Carte du parcours de La Buse (fond de carte de 1708)

 

 

 

 

Estimation des vitesses des navires

 

 

Il existe un logiciel d'aide à la navigation qui donne le temps de traversée, dans une zone donnée et pour un mois considéré, selon :

- d'une part les statistiques de fréquence, de direction et de force des vents

- d'autre part les courants connus

Ce temps de traversée est bien sûr fonction des vitesses que le navire est capable de faire aux différentes allures (c'est à dire selon la direction du vent par rapport à son cap).

Nous allons pouvoir tenter d'estimer ces vitesses par "étalonnage" du logiciel sur les traversées connues du ou des navires. Le graphique obtenu s'appelle une "Polaire de vitesse"

 

Pour ce faire nous disposons de trois parcours dont les dates de départ et d'arrivée nous sont données:

- Trajet d'avril 1721 : 120/130 milles de Maurice à Bourbon (3 jours selon Johnson/de Foe)

- Traversée en Juillet - Août 1722 : 890 milles de Delagoa à Mozambique (22 jours selon De Bucquoy)

- Trajet du mois d'août 1722 : 360 milles de Mozambique à la rivière Maseliet à Madagascar (16 jours selon De Bucquoy)

 

 

On s'aperçoit que pour approcher ces données, il faut supposer aux bateaux des vitesses très faibles, notamment aux allures où le vent est contraire: un demi nœud d'avance effective en tirant des bords, un nœud quand le vent vient de l'avant du bateau, trois nœuds au largue et quatre nœuds vent arrière.

Moyennant ces valeurs, on obtient, calculés par le logiciel, les résultats suivants

 

 

I - Trajet d'avril 1721 : 120/130 milles de Maurice à Bourbon (3 jours selon Johnson/de Foe)

 

  • 1j 9h selon le logiciel.

 

 

 

II - Traversée en Juillet - Août 1722 : 890 milles de Delagoa à Mozambique (22 jours selon De Bucquoy)

 

  • 27 à 28 jours selon le logiciel.

 

 

 

III - Trajet du mois d'août 1722 : 360 milles de Mozambique à la rivière Maseliet à Madagascar (16 jours selon De Bucquoy)

 

  • 15 jours de traversée selon le logiciel.

 

 

 

Sur ces bases, quelles ont pu être les durées des autres trajets de Levasseur ?

 

IV - Trajet en Février - Mars 1722 : 860 milles de Ste Marie à la baie de St Augustin; 19 à 20 jours de traversée selon le logiciel.

 

 

Le départ ayant eu lieu en février selon Robert; la prise de La Duchesse de Noailles aurait donc eu lieu fin Février ou début mars.

 

V - Trajet en Avril 1722 : 590 milles de St Augustin à la baie de Delagoa; 15 à 16 jours selon le logiciel.

 

 

 

L'arrivée ayant eu lieu le 11 Avril selon De Bucquoy, le départ a dû se faire vers le 26 Mars de St Augustin ; peut-être un peu avant, car ils ont pris un brigandin en route: Robert ne parle que de deux navires pirates, De Bucquoy en mentionne trois. Toutefois, ce brigandin pourrait être la "barque" envoyée de Saint Augustin à Bourbon, et qui a renseigné et ramené les pirates.

 

Ils seraient donc restés en baie de St Augustin environ un mois.

 

 

VI - Trajet en Novembre - Décembre 1722 : Destination inconnue et 40 à 50 jours de navigation possible

Supposition : un aller - retour à Mahé aux Seychelles soit environ 1520 milles font 55 à 60 jours de navigation sans arrêt, sur les bases ci-dessus. Ce trajet semble donc un maximum.

 

 

Il est bien plus probable que les tentatives pour passer la “pointe nord de Madagascar” [c'est à dire le cap St Sebastien, selon les cartes de l'époque], et le retour vers le sud avec un bateau endommagé, ont pris beaucoup de temps.

Il faut aussi déduire du temps de trajet supposé, le temps d'installation des campements des pirates après l'échouage.

Il est donc très probable que les pirates ne sont, de fait, pas allés plus loin que le cap St Sebastien, conformément au récits rapportés.

 

 

Il semble donc, d'après ces parcours avérés par des documents d'époque, que l'hypothétique trésor n'ait pas pu être caché au delà de Madagascar: exit les hypothèses des Seychelles, de Rodriguès ou autres.

 

 

 

Identification des lieux.

 

La rivière Massaliet

 

 

Fond de carte de 1708                                           Fond de carte de 1747

 

      

 

 

On peut, peut-être, interpréter la "rivière Masaliet" nommée et naviguée par de Bucquoy, et qui donne dans une baie située selon lui par 15° de latitude, comme étant la rivière Soundjee de la carte de 1747.

Grandidier, pour sa part, interprète cette rivière de Masaliet comme étant dans baie de Mahajamba ou plutôt dit-il, celle de Bombétoke (c'est à dire de Majunga).

 

Le plus probable selon moi est qu'il s'agit de la baie de Mahajamba qui est :

- la plus proche des 15° le latitude indiqués par de Bucquoy (et dont la profession est, pour mémoire, hydrographe).

- l'endroit dénommé Massagalem velho et Vieux Mazelage dans les cartes ci-dessus ou Old Mathelage dans les "instructions nautiques" du capitaine Thornton et sur la carte correspondante. Il parait évident qu'il faut identifier "Masaliet" avec "Mazelage" ou "Masagalem", interprétations probables par des navigateurs de langues différentes d'un même mot local.

 

Le roi qui intervient, nommé Ratocaffe [Ratoakafo], aurait été roi de Massailly [autre identification possible avec Massaliet] selon le manuscrit du dépôt des Cartes et Plans de la Marine de Paris, volume 842, Mer des Indes, pièce 17,

 

Selon le récit de De Bucquoy, le roi en question, s'il s'agit bien de lui, arrive en 3 jours, avec une armée, après avoir été prévenu de l'arrivée d'étrangers par un coup de canon, à la rivière Maseliet. Cela peut situer la résidence royale à un maximum de cinquante à soixante kilomètres.

 

 

 

Le lieu d'échouage de La Vierge du Cap

 

Les cartographies citées plus haut, l'une datée de 1708, l'autre datée de 1747 et mentionnant Mangahelly - Mangaély - (où les îles Gumby sont celles de Nosy Komba et Nosy Be voisine)[Cumby est proche de Komba phonétiquement], nomment Diégo Suarez, soit cette région des îles Radama soit un établissement portugais.

On doit noter que l'extrême nord de Madagascar (et donc le Diego Suarez actuel), est noté "Terra incognita" à l'époque

 

Les recherches de l'épave de la Vierge du Cap dans la baie du Diego Suarez actuel sont sans fondement.

 

 

 

 

Le trésor de la Buse existe-t-il?

 

Car vu le mode assez égalitaire de répartition des butins, les trésors de pirates évoqués ne sont énormes que dans leur ensemble. Une fois réparti entre les membres de l'équipage, qui sont toujours nombreux, il est fortement atomisé. Et comment cacher ce trésor somme toute collectif ? . La cachette est forcément connue de tous, et sauf gestion sanglante du problème, il ne parait pas vraisemblable qu'un trésor de cette nature puisse être caché: qui reviendra le chercher? tous? les plus honnêtes survivants? C'est risible.

 

On peut cependant, peut être, imaginer un dépôt temporaire, destiné à protéger les prises avant que de prendre des risques lors d'attaques - une assurance en quelque sorte - avec la ferme intention de le récupérer rapidement.

Mais ce ne parait pas dans la mentalité des pirates dont la tâche la plus urgente était de dépenser sans trop compter les richesses rapidement gagnées.

 

 

Estimation des parts de butin:

 

Sur la base de ce que Taylor a emmené avec lui à Porto Bello:

- Hommes sur La Défense : 250 ; Butin avoué: 121 barils d'argent ; en supposant en première approche une répartition uniforme par tête, et considérant que les deux principaux navires contenaient ensemble 750 hommes, (relation de De Bucquoy) il y avait:

121 / 250 x 750 = 363 barils d'argent, ou l'équivalent

- et peut être 42 diamants par homme

soit 42 x 750 = 31500 diamants

Quelle part de ce butin La Buse avait-il en propre? au moins la part d'un matelot, soit 1/2 baril d'argent et une quarantaine de diamants. Il a bien pu en dépenser la plus grande part.

Par contre ce qui précède multiplié par le nombre de pirates embarqués avec La Buse ....

 

Mais combien étaient-ils avec La Buse ? Potentiellement 500 sur le gros vaisseau, sur la base des descriptions de l'attaque de Lagoa. Mais un certain nombre était resté auprès du roi après l'attribution de leur part de butin, -De Bucquoy ne l'évoque que rapidement- et; lors de l'échouage, il n'en débarque que 125 du vaisseau portugais. On pourrait donc estimer que environ 375 sont restés auprès du roi, ou retournés par terre à Ste Marie.

 

 

 

En fait, les partages ont été effectués périodiquement, à Sainte Marie d'abord, puis à la rivière Masseliet, et chaque marin disposait de sa part:

- perdue par beaucoup d'anglais lors de leur fuite du site d'échouage de la Vierge du Cap ,

- conservée par les francais revenus par la suite,

- dépensée en partie par tous auprès des indigènes [c'est cette partie là que Robert envisage de récupérer] ,

- emportée par ceux qui ont rejoint Sainte Marie,

- et emportée par d'autres, restés avec Taylor sur La défense, en amérique centrale

 

 

Et donc, il est quasi invraisemblable qu'il y ait eu un trésor caché ! Pas d'endroit sans témoins pour ce faire, pas de trésor énorme existant.

 

 

 

 

 

 

 


20/11/2020
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Mais alors, le manuscrit de La buse ?

Mais alors, le manuscrit de La buse ?

 

Dans la présentation de La Buse par Wikipédia, il est noté:

« La preuve d’un lien logique entre les différents documents du notaire n’était pas pleinement évidente. Malgré cela, la tradition rattacha le fabuleux trésor de la Buse à celui de Nagéon de L’Estang dit « Le Butin » en émettant l’hypothèse que les deux trésors ne formaient peut être qu’un, par voie de succession et de vol. »

 

 

 

Tentons une interprétation de ce message crypté

 

 

 

Codage des lettres:

 

Le codage des lettres est assez facile à retrouver et procède d'une logique simple: des traits associés et inscrits dans un carré, deux lettres successives de l'alphabet se ressemblant - avec la présence systématique d'un tiret médian pour la première dans l'ordre alphabétique.

 

                                   

 

L'application de ce code alphabétique donne la traduction ci-après.

 

 

Dans la pratique de l'écriture, sur un papier de médiocre qualité créant des irrégularités et des embus, avec une plume d'oie, certaines lettres codées sont difficilement identifiables. Par contre, parfois elles ne sont pas ambiguës mais ne sont pas bien cohérentes avec le contexte. S'agit-il d'un indice ?

 

Interprétation.

 

Dans la suite des lettres, certains mots sont identifiables, avec souvent une orthographe approximative. Mais d'autres découpages sont possibles...

 

On peut proposer la lecture partielle suivante:

 

[..1..] une paire de pijons [..2..] 2 coeurs [..3..] prenez une culliere de miellee [..4..] fous en faites une [..5..] mettez sur le pasage de la perso si vous n voulez plus prenez 2 les casse sur le chemin il faut qu oeus soit a moitie couve pour empecher une femme [..6..] vous n ave qu a vous serer la [..7..] et pour [..8..] por epingle ou eguile sur l oreil [..9..] une femmr qui veut se faire d un [..10..] et se detendre dans du [..11.] [..12..] dormir un hommr [..13..] il faut [..14..] rendre [..15..] q un [.16..]

 

Soit, en rectifiant l'orthographe (et les accents):

 

[...] une paire de pigeons [...] 2 cœurs [...] prenez une cuillère de miellée [...] vous en faites une [...] mettez sur le passage de la personne si vous n'voulez plus prenez 2 les cassez sur le chemin il faut qu oeufs soit a moitié couvés pour empêcher une femme [...] vous n'avez qu'a vous serrer la [...] et pour [...] pour épingle ou aiguille sur l'oreille [...] une femme qui veut se faire d'un [...] et se détendre dans du [...] [...] dormir un homme [...] il faut [...] rendre [...] q'un [...]

 

Ces morceaux de texte ont une tonalité générale de recettes de sorcellerie.

 

Les autres passages 1 à 16 sont à première vue incompréhensibles.

 

 

Questions:

 

1 - Pourquoi La Buse écrit-il son secret sur un papier? Quel but poursuivait-il ce faisant ?

 

2 - Ce texte a t-il un sens caché ou bien le secret est-il d'une autre nature ?

 

3 - Les anomalies du texte ( lettres anachroniques, lettres manquantes voire mots manquants ) sont-elles des indices à exploiter ?

 

4 - On remarque également que certains mots (pour autant que le découpage qui aboutit à ces mots soit valide) sont coupés par un passage à la ligne qui ne s'impose pas, la place disponible en bout de ligne (sur le document) étant suffisante: est-ce volontaire et ce pourrait-il être un indice ?

 

5 - Dans l'avant dernière ligne, un signe " / " semble séparer deux parties du texte. Cette séparation a-t-elle un sens?

 

 

Réfléchissons à une suggestion de réponse à la question N° 1.

La Buse (si c'est lui qui a écrit ce message !) étant dans sa prison a dû subir des tortures sévères pour lui faire avouer où était son trésor. Il a pu avoir deux craintes : l'une de perdre l'esprit ou la mémoire à la suite des tortures, l'autre d'être exécuté immédiatement s'il livrait son secret sans précautions. Le message codé devient ainsi le garant de sa bonne volonté pour partager le trésor. Sa pendaison montre que cela n'a pas suffi, soit que le gouverneur n'a pas cru à la véracité du message, soit que le partage n'était pas d'actualité.

 

 

Éléments complémentaires d'interprétation:

 

Le grand père de l'écrivain Le Clésio a cherché le trésor de La Buse autour de Port Mathurin, à l'île Rodrigues, semble-t-il sans élément rationnel pour ce faire. En effet Port Mathurin n'a été accessible qu'après l'agrandissement de la passe dans la barrière corallienne, et donc La Buse n'aurait pu que difficilement y déposer son butin.

 

Cependant, lors d'un voyage touristique dans cette île, j'ai pensé qu'elle pouvait donner une idée de l'ambiance des premiers temps de l'île Maurice et Bourbon.

J'y ai été étonné par l'écriteau suivant:

PAS JTER SALT

 

Un autre écriteau du même type était ailleurs rédigé:

PAS JTER SALTE

 

Il faut donc lire:

Ne pas jeter de saletés

 

La transcription du parlé créole en écriture phonétique aurait pu faire partie des habitudes de La Buse pour les mots qu'il n'aurait pas lus dans un livre.

On peut, pour le sujet qui nous intéresse, tenter de lire les passages incompréhensibles de cette manière, en remplaçant les "lettres fortes" par leur sonorité: K devient Ka, T devient Té, etc.

 

[..1..]: APR?MEZ

 

 

[..2..]: IRESKET

I RESKa ETé

Il ne reste qu'a ôter ?

 

[..3..]: QESEAJTETECHERALFUNQORTFILTSINSHIENECU

QE SE AJTé ET ECHER A LF UN QORT FIL TSINSHIENECU

qui s'est agité et escher à LF un' courte fil TSINSHIENECU ?

 

[..4..]: EFOUTRE

é foutre

et (de) foutre ?

 

[..5..]: ONGAT

onguent ?

 

[..6..]: DHRENGT

DHRENGé Té

d'arranger d'engendrer?

 

[..7..]: DOBAUCGEA

DOBAUCé G E A

?

 

[..8..]: VENGRAAIET

VENGé RAAI ET

venger, railler et ?

 

[..9..]: JNOURLAIRREPITERUNCHIENTUPQUNLENENDELAMERDEBIENTEDDE ETSURRUNVOULENQUILNISEIUDEKU

Ji NOU(R) L AI REPITER UN CHI EN ToUP Q UN LE NEN DE LA MERDE BIEN TEDDE ET SUR RUN VOULEN QU IL NISE I oU DE Ka oU

je nous l'ai répété un chie-en-étoupe .Q UN.. le nom de la merde bien tiède

..et sur rien voulant qu'il nuise I ou de cas où

 

[..10..]: HM

homme?

 

[..11..]: UI

vin ?

en supposant des erreurs de transcription: U pour V et le N non codé au lieu du O

 

[..12..]: OOUQN

 

 

[..13..]: ESTDFVMM

ESTDFVMM

 

[..14..]: N

ne

 

[..15..]: UDL

utile?

 

[..16..]: DIFFURQECIEEFURTETLESL

DIFFUR QE CI E EFURTé ET LES L

 

On peut remarquer que, à l'époque, les "S" s'écrivaient "F" à l'intérieur des mots soit:

DISSUR QE CI E ESURTé ET LES L

et en prenant "ou" pour "U",et en supposant des erreurs (omission de deux "C" = parlé créole ?),

DISCouR QE CI E ESCouRTé ET LES L

discours que si est écourté et les l

 

 

Le texte entier, ainsi interprété, devient:

 

[..1..] une paire de pigeons il ne reste qu'a ôter 2 cœurs [..3..] prenez une cuillère de miellée et (de) foutre vous en faites une onguent mettez sur le passage de la personne si vous n'voulez plus prenez 2 les cassez sur le chemin il faut qu' oeufs soit a moitié couvés pour empêcher une femme [..6..] vous n'avez qu'a vous serrer la [..7..] et pour venger, railler et pour épingle ou aiguille sur l'oreille je nous l'ai répété un chie-en-étoupe .Q UN.. le nom de la merde bien tiède et sur rien voulant qu'il nuise I ou de cas où une femme qui veut se faire d'un homme et se détendre dans du vin [..12..] dormir un homme [..13..] / il faut ne rendre utile q'un discours que si est écourté et les l

 

Ce n'est guère plus compréhensible, sinon pour confirmer la tonalité générale, un ramassis de grossièretés.

 

Je pense (question N° 2) que ce texte n'est là que pour contenir une autre clef qui est donnée par la dernière phrase, après le "/ ": (question N° 5)

Il faut ne rendre utile q'un discours que si (il) est écourté, et les l

Ceci est à rapprocher de la question N° 4 , le mot discours pouvant être pris au sens de ligne.

 

La coïncidence de sens entre ces anomalies du texte et la phrase de fin est à mon avis très convaincante de la justesse des interprétations, et n'oblige plus à la compréhension exacte de tout le texte.

 

Quelles sont les lignes répondant à ce critère, c'est à dire dont le mot final est à cheval sur deux lignes ?

 

 

Il y en a six, sur dix sept lignes. [repères rouges]

Cela peut correspondre, si des chiffres peuvent en être tirés, à une latitude - degrés-minutes-secondes - et donc à un endroit ou une côte coupe cette latitude (à cette époque, les longitudes sont imprécises, faute d'horloges correctes). Ce ne serait pas le cas avec un nombre de lignes différent.

 

"et les L":

 

Par ligne, il y a respectivement: 4 1 3 2 2 2 lettres L

Cela ne correspond pas à un endroit possible: au delà de l'Afrique du sud, dans les quarantièmes. Il faut trouver autre chose.

A l'envers ? Andramanly sur la côte est de Madagascar ou le lagon entre Salary et les coins de mire sur la côte Ouest : possible mais pas convaincant. Le message procède d'une logique simple, cela est clair: codes des lettres cryptées, clef à la fin du texte. Pourquoi serait-il compliqué de codes renversés?

 

Une autre solution est de prendre les lignes écourtées par leur début, c'est à dire les lignes suivant les précédentes. [repères bleus]

Par ligne, il y a respectivement: 1 3 2 2 0 2 lettres L

Cette fois, cela correspond à plusieurs endroits du nord de Madagascar.

 

Une autre possibilité est de considérer la présence de lettres incongrues dans des mots normalement écrits par ailleurs, non comme une erreur, mais comme une nécessité pour le codage.

Par exemple, femmr pour femme et hommr pour homme. D'ou l'idée de compter les R, en considérant la lettre codée finale comme un R (codé ⌈ avec un point intempestif qui le fait prendre pour un L)

 

Dans les lignes repérées en bleu cela donne 0 4 3 1 2 2 , une latitude au niveau des Seychelles inexploitable car ne coupant pas de terres.

Dans les lignes repérées en rouge cela donne 2 3 4 3 1 2 , latitude qui coupe Madagascar dans sa partie sud.

 

 

Cependant, les secondes n'étaient pas accessibles aux mesures des navigateurs de l'époque. Alors il pourrait être possible de limiter l'indication à deux fois trois chiffres, qui sont d'ailleurs naturellement regroupées dans cette interprétation, ce qui donnerait deux positions:

4° 13' et 22° 2'

pour le chiffrage à partir des lettres L

 

Cette fois, les latitudes indiquées correspondent à une ile des Seychelles, l'ile Aride, proche des 4°13',

et à un point de la côte Ouest de Madagascar, avec des reliefs proches propices à la présence de cavernes, et surtout un mouillage possible dans le lagon . La baie d'Andavadoaka est à 22°05' selon les données actuelles

 

Le point de même latitude sur la côte Est de Madagascar ne correspond qu'à une côte sableuse

 

 

Un critère pour affiner les solutions est de trouver l'endroit le plus propice à un débarquement de matériel : tirant d'eau de quelques mètres et abrité de la mer.

 

L'ile Aride, par 4°12'

 

 

 

Sud de Madagascar, la côte à 22°02'de latitude:

 

 

 

 

Dans le livre de La Roncière, apparaissent des informations, issues de documents dont il mentionne pas l'origine. L'expression “laissé par le forban” est tout à fait vague, et en tous cas n'implique pas explicitement La Buse ou Nageon de l'Etang.

 

Si ce document est de bon aloi, et concerne bien le sujet, il pourrait s'agir d'une clé qui, une fois rendu sur place, permettrait de trouver ce qu'on cherche. Cela ressemble à une écriture abrégée, lisible du seul auteur.

 

Le fait qu'il y ait deux informations , et que je trouve deux endroits possibles, donne une (petite) cohérence à cette approche.

 

 

 

Première “information”

 

Tentative d'interprétation

 

?????

Vu ce qui suit au sujet de la seconde énigme, je pense que cela concerne plutôt l'ile Aride ...

 

 

Seconde “information”

 

Tentative d'interprétation :

 

Passer 1ère passe avec beaucoup de précautions

 

En prendre les deux vers le fond Sud Nord I Clot de même

 

Et de la source Est faire un échouage comme 10 gat la mer (des gars de la mer ?)

 

Sur l'ile : plage de la source

 

Par 1 h. 8 c gauche passe pour le chien de la mer (les brisants ?)

 

Bien gauche la frotte contre la passe Srd g la V t que

 

Passer cher Sud faire 10 d 1de la direction générale de l'eau

 

 

 

 

La baie d'Andavadoaka, à 22°05', qui pourrait correspondre à cette interprétation hasardeuse

 

 

 

 

Avis à ceux qui voudront y aller voir: Les trésors découverts sur le territoire de Madagascar appartiennent à l'état Malgache.  Et l'ile Aride est classée réserve naturelle, interdite d'accès, par le gouvernement des Seychelles.

 

 

 

 


20/11/2020
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Libertalia

Libertalia

 

Un mot au sujet de l'utopie romancée de Libertalia.

 

Le roman de De Foe sous le pseudonyme de Johnson (à nouveau) est encore de nos jours sujet à interrogations: fiction ou réalité? Une analyse trouvée sur internet (voir dernière annexe) semble assez bien analyser le sujet, et la présente étude des tribulations de La Buse me semble bien fournir une réponse sur l'origine de l'inspiration de De Foe

 

On constate en effet que beaucoup des éléments du cadre de l'histoire de Libertalia sont réunis: le nom et le volume (40 sabords) du bateau Le Victorieux ou La Victoire, les pirates dont les conventions de partage du butin sont très égalitaires, le massacre perpétré par les indigènes. Misson est français comme Levasseur.

On peut observer également que le récit de Johnson / De Foe concernant England, Taylor et La Buse s'arrête un peu court par rapport au récit de De Bucquoy, et ce pourrait être pourl'auteur afin de ne pas déflorer la suite des évènements, et pouvoir les utiliser comme éléments d'un roman.

 

Ainsi:

Le code de partage du butin ne fait pas de part très belle à la hiérarchie

Matelot: une part

Capitaine, bosseman, maître canonnier: une part 1/4

Autres: 1/2 part

Mousses: 1/4 de part

 

Ainsi:

L'endroit "au nord de Madagascar" ou a eu lieu un massacre de pirates par des indigènes

 

Ainsi:

La description du lieu d'établissement de Libertalia.

Le roman dit "il trouva, au nord de Diego Suares, une crique qu'il remonta sur dix lieues".

Une baie aussi profonde au nord de Madagascar [ je comprends: "dans la partie nord de Madagascar"] ne peut être que la baie d'Ampasidava, qui se trouve être au nord du Diego Suarez des cartes de l'époque - et le lieu des îles Mamoko où eu lieu le dit massacre. L'emplacement du Diego Suarez actuel était alors pays inconnu.

 

Il se trouve que l'endroit décrit par De Foe pour l'établissement de Libertalia :.”...une crique qu'il remonta sur dix lieues ( Ampasidava) qui offrait à babord un vaste havre très sûr” est une mangrove marécageuse. De Foe, qui n'est bien sûr jamais allé sur place, a pu s'inspirer des cartes existantes, sur lesquelles il n'y avait pas ce genre de détail.

 

 

Les écrits de De Foe sont très souvent près d'une réalité utilisée par lui, et romancée selon ses inclinations. Ces quelques remarques me semblent une confirmation de plus.


20/11/2020
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